Destins en terres lointaines | |
| J'ai revu récemment La leçon de piano, ce film de Jane Campion, inspiré du roman de Jane Mander Histoire d'un fleuve en Nouvelle-Zélande qui relate l'histoire d'Ada. La jeune veuve expédiée en Nouvelle-Zélande par son père, quitte l'Écosse avec sa petite fille pour épouser un homme dont elle ignore tout. Un portrait parmi tant d'autres de ces femmes européennes parties aux antipodes, souvent contraintes d'accompagner leur mari mais aussi par goût de l'aventure. Elles ont su s’adapter aux climats extrêmes, masquer parfois leur féminité comme Jeanne Barret au XVIIIe siècle. Cette aide-botaniste qui a été la première française à faire un tour du monde complet, était déguisée en valet pour assister le naturaliste Philibert Commerson lors de l'expédition de Bougainville. Soupçonnée d'être une fille durant tout le voyage, elle est finalement démasquée à Tahiti par les Maohis. |
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Ces figures féminines ont porté mon imaginaire et amorcé le mood board de la collection printemps-été 2020.Sur le mood board de la collection, j'épingle mes trouvailles autour des images du film de Jane Campion. Parmi les premières arrivées, Marguerite Duras. Le portrait de la jeune femme de Saïgon au temps de l'Indochine française et le titre de son roman "Un barrage contre le Pacifique". Déjà présente depuis quelque temps, l'anthropologue et illustratrice britannique Edith Durham, a trouvé sa place en compagnie de ses gravures d'amphibiens et reptiles. Au fil de ces recherches, j'ajoute les éléments graphiques, les silhouettes, les histoires qui viennent étoffer le processus créatif. Après quelques semaines l'allure de Vita Mir, notre mannequin, s'impose pour porter la collection sur notre book printemps-été 2020. | |
 Mood board motifs et silhouettes |  Exemples de blockprint et timbre poste |
Un héritage oriental | |
| L'Indochine de Marguerite Duras me conduit naturellement vers les Indes Orientales et les villes du Rajasthan. La région est connue depuis longtemps pour ses tissus chatoyants, imprimés sur des toiles de coton selon la technique du blockprint. Cette technique traditionnelle utilise des tampons de bois sur lesquels sont gravés chaque partie d’un motif. Une fois traités et imprégnés de leur couleur, les différents blocs sont successivement appliqués à la main sur le tissu, un coton blanc ou préalablement teint selon l’effet désiré. |
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| Les toiles peintes séduisent d'abord les portugais qui ramènent ces cotonnades peintes en Europe à la fin du XVIe siècle. L'engouement est immédiat et quelques années plus tard, la Compagnie Française des Indes importe quantité d'étoffes aux couleurs vives, imprimées de palmettes Cachemire, d'écossais... |
Victimes de leur succès, les Indiennes sont interdites à l’importation en France à la fin du XVIIe siècle par Colbert pour protéger les fabricants de tissus locaux. Imitées dans les manufactures marseillaises, alsaciennes mais aussi suisses ou encore anglaises, elle vont circuler en Europe sous les noms d’Indiennes, Perses, Damas, Madras… en souvenir de leurs modèles d’origine. Dans le sud de la France ces imitations donnent naissance aux tissus provençaux.
Ada, thème phare de la collection 2020, est l'interprétation maille d'un Damas dans un fil de lin flammé qui donne au jacquard une patine.
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Broderies de marquoirsAu cours de mes recherches j'ai croisé les marquoirs (ou samplers), ces exercices de broderie couramment pratiqués par les jeunes filles jusqu'au début du XXe siècle. Objets d’apprentissage des bases de la broderie au point de croix, avec leurs abécédaires, frises et motifs, les marquoirs serviront de modèle à leur propriétaire pour les travaux d’aiguille tout au long de sa vie. | |
 Marquoir avec alphabet indien |  Marquoir aux motifs géométriques et arbres de vie |
Sous l'influence des toiles peintes importées des Indes, au XVIIIe siècle les fleurs, animaux et paysages s'ajoutent aux frises et alphabets des marquoirs traditionnels. Au XIXe siècle l'impression de modèles sur papier quadrillé révolutionne les marquoirs. On entre dans un véritable âge d'or du point de croix, même Georges Sand tirait l'aiguille "quelquefois jusqu'à la fièvre". | |
 Thème Carlotta ocre (photo Richard Haughton) | Dans la collection printemps-été 2020, le jacquard Carlotta illustre, à l’aide de différentes techniques de points, la richesse des modèles de broderie du XIXe siècle.Les travaux de broderie et leurs motifs jetés pêle-mêle sur les marquoirs, associés aux illustrations scientifiques d'Edith Durham m'ont inspiré le thème Redwork. En hommage à cette femme talentueuse et versatile, j'ai composé un inventaire d'espèces, de personnages et de frises multicolores très décoratives imprimés sur une popeline de coton au toucher craquant et sec. |
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| Inspirée par la richesse des techniques de broderie, j'ai ajouté les thèmes Canopée et Tuktuk à la collection. Le premier utilise la Cornely, une technique de broderie mécanique guidée main où s'utilisent toutes sortes de fils, galons, cordons ou tissus et offre des possibilités infinies de dessins et d'effets. |
Quant au thème Tuktuk, il prend pour motif cet emblématique moyen de transport originaire de Thaïlande, traité en broderie blanche. Cette technique, appréciée et introduite en France par le Cardinal Richelieu, orne les caracos, t-shirts et jupes du thème réalisés à Bali par le studio Balilab.
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Les nouveautés de la collection été 2020Cette collection explore et utilise une palette de couleurs douces et pastel inédite pour la marque. Côté style, les silhouettes se font fluides, les tops larges et courts portés sur de larges pantalons ou des jupes crayon mi-longues.
Le motif jacquard du thème Mahjong est tricoté sur une base de fin jersey rayé pour évoquer les effets de textures damassées. | |
| Cette année, Kimono est le thème réversible de la collection avec un jacquard à motif japonisant composé d'éventails et pois d’un côté et un motif cinétique de l'autre. Cette technique de tricotage en double face est devenue un permanent de la maison. Le jacquard Echo, a été inspiré par les effets de tissage ikat originaire d'Indonésie et kasuri du Japon. |
Les papiers dominotés imprimés au XVIIe siècle étaient employés par les relieurs mais servaient aussi à garnir l’intérieur de cabinets ou tapisser une pièce. Ces papiers sont pour moi une source inépuisable de motifs et de rythmes géométriques. Away combine ces graphismes avec les motifs Kimono et Abanico. | |
| Book de la Collection Été 2020 |
Film de la collection Printemps-Été 2020 |